Presse
Voici la recommandation hebdomadaire de littérature jeunesse d’Émilie Saucier, chroniqueuse de l’émission Victoria et cie : L’homme sans chaussettes de Jennifer Couëlle et Ninon Pelletier, un album publié aux Éditions de l’Isatis.
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Sur le chemin de l’école, Luca et sa voisine Juliette croisent un homme qui parle tout seul et qui n’a pas de chaussettes. Juliette est effrayée, alors que Luca s’inquiète pour lui. Est-ce qu’il a froid avec son pantalon trop court et ses sandales ? Sait-il que c’est maintenant l’automne ? Le garçon se confie à sa grand-mère, ce qui l’amènera à aider l’homme.
Jennifer Couëlle, auteure prolifique en littérature pour la jeunesse, aborde ici les thèmes de l’itinérance te de la maladie mentale. Elle dépeint avec justesse les réactions des enfants face à cette réalité qui les entoure, soit la peur, le jugement, l’ouverture à l’autre et l’entraide. Luca, le personnage principal, apprendra qu’ « il n’est pas nécessaire de tout comprendre pour faire du bien ». L’auteure en profite, au passage, pour aborder les relations intergénérationnelles et détruire certains lieux communs, notamment en présentant une grand-mère qui n’a jamais tricoté.
Ninon Pelletier, qui a publié une quinzaine d’albums pour enfants, fait voir les émotions des personnages. En variant les plans et les angles de prises de vue, elle traduit l’atmosphère dans chacun des lieux présentés. Ses illustrations, réalisées aux crayons et au fusain, coloriées à l’ordinateur, confèrent une certaine douceur au récit.
Ce livre a été finaliste pour le prix Peuplier du Festival des arbres 2016, à Toronto.
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A tender story about a young boy named Lucas who encounters the same people on his daily walk to school: the crossing guard in red lipstick who helps him cross the street, the big kid who walks a few steps ahead of his little brother, his friend Juliette, and “the man without socks”.
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«S’il y a un sujet qui n’est à peu près jamais abordé en littérature jeunesse, et même en littérature tout court, c’est bien celui de l’itinérance.
Cette triste réalité qu’on ne veut pas trop voir et qu’on ne veut surtout pas vivre est difficilement évitable si on fréquente les quartiers centraux de grandes villes, ce qui n’est pas le cas de bien des enfants d’âge scolaire. L’album L’homme sans chaussettes pourrait très bien les éveiller en douceur à cette condition humaine peu enviable. On y suit la “démarche” de deux enfants, Luca et sa voisine Juliette, qui finissent par s’intéresser au sort d’un homme étrange qu’ils croisent quotidiennement sur le chemin de l’école, qui parle le plus souvent tout seul, sans chaussettes, sur un banc de parc. De la crainte aux questionnements jusqu’à un rapprochement éventuel, cette histoire est un éloge à la compréhension et la compassion. Les illustrations colorées et riches en détail complètent à merveille cette petite fable sociale.»
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«Pourquoi est-ce que je l’ai aimé ? Rares sont les auteurs qui osent aborder des sujets sensibles et difficiles dans les livres pour enfants. Car, il nous semble très logique de vouloir protéger nos petits de tout ce qui peut leur causer de la peine. Mais si on regardait le sujet sous un angle différent ? Si on parlait de ces sujets, au lieu de les passer sous silence, dans le but d’éduquer nos enfants?.. Puisqu’il ne faut pas simplement les protéger du mal mais aussi leur apprendre à faire du bien.
Dans cet album original et attirant, Jennifer Couëlle a trouvé des mots justes et compréhensibles des jeunes lecteurs pour parler d’un de ces sujets peu abordés : la pauvreté et les sans-abris. Avec sa délicatesse et sa sensibilité habituelles, l’auteure a réussi à présenter très simplement, sans dramatiser, une rencontre entre des enfants et un homme de la rue, « l’homme sans chaussettes». J’ai beaucoup apprécié la manière dont l’histoire est racontée : on voit cet homme à travers les yeux et la perception de deux jeunes écoliers qui se posent des questions, qui cherchent des réponses et qui trouvent des solutions, en y appliquant leur cœur d’enfant. Ensemble, avec ces enfants, on se rend compte, qu’il suffit de très peu pour rendre quelqu’un heureux. Il y a tellement de douceur, de tendresse et de poésie dans cette histoire qu’il n’est pas possible de rester indifférent !
Et les illustrations ! Ninon Pelletier a su les remplir d’un contenu riche et d’un grand pouvoir émotionnel. Leurs couleurs douces et harmonieuses, leur texture, leur expressivité contribuent largement à l’ambiance du récit et l’accompagnent à merveille. La mise en page est bien réfléchie et accentue les moments-clés avec pertinence.
Un album à la fois unique, vivant et poétique, d’une grande actualité et sensibilité, qui s’ouvre aux réflexions et aux discussions avec les enfants. Un ouvrage de très grande qualité : bravo aux auteurs, votre travail est remarquable et saura toucher les cœurs des jeunes lecteurs !»
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